Le Palace

En 1978, Fabrice Emaer, quarantenaire propriétaire d’une discothèque parisienne, décide d’acheter le Palace, vieille salle de spectacle laissée à l’abandon, pour y créer un lieu de fête pour les garçons. Il rêve d’un espace de liberté où la communauté homosexuelle à laquelle il appartient peut s’amuser, insouciante.

Très vite, le Palace devient bien plus que cela. Dès son ouverture, des milliers de personnes s’y pressent, des célébrités, des politiciens, des artistes, tous chics et extravagants, distingués et libérés. Un haut-lieu de la fête est né : un lieu qui “se suffit à lui-même” comme l’écrira Roland Barthes, où tout est pensé pour célébrer la nuit. On compte environ 2 000 personnes par soir. La sélection est rude, mais différente des autres clubs privés de l’époque. Ici, il n’est pas indispensable d’être célèbre pour entrer, mais plutôt avoir du style, être habillé avec élégance et correspondre aux standards du Palace. Toutefois, on y croise des personnalités comme Yves Saint-Laurent, John Travolta ou encore Mick Jagger.

Ce qui fait l’ambiance du Palace dans les années 1980, l’âge d’or du lieu, c’est la disco. Guy Cuevas, l’un des premiers “disques-jockeys”, y manie les platines à la perfection pour faire danser la foule. On y voit aussi des concerts de grand(e)s artistes comme Grace Jones ou Amanda Lear. Le Palace ne fait pas qu’écouter la disco, il vit disco et en devient un ambassadeur de premier plan. Les premières années du Palace sont folles et joyeuses.

Mais en 1983, Fabrice Emaer meurt d’un cancer. La salle connaissait déjà un déclin à cause d’une accumulation de dettes et les années sida jettent un voile sombre sur l’esprit du lieu. On commence à compter les amitiés et amours disparues. Le Palace est racheté, on tente de continuer à le faire vivre au gré des modes musicales : dans les années 1990, la house et le hip hop y trouvent un temple. David et Cathy Guetta tentent même de le relancer alors que les Daft Punk y font un concert. Toutefois, rien ne permet au Palace de resurgir : son âge d’or est terminé. Le lieu ferme définitivement en 1995 et sera squatté quelques années avant de redevenir une salle de spectacle, ce qu’il est encore aujourd’hui.