La France au rap français

Derrière ce titre provocateur, se cache la patte de Médine, spécialisé dans la dénonciation par le détournement. Un exemple ? Le nom de l’album dont est issu le morceau, Médine France (2022), qui le pose en pur produit d’une industrie musicale et française. On comprend facilement le parallèle qu’il fait et le code qu’il détourne : celui d’être un produit français, n’en déplaisent aux xénophobes.

Si on revient au titre qui nous intéresse ici, il empreinte la même mécanique : faire dérailler un slogan d’extrême-droite empreinte à l’imaginaire nationaliste en se moquant de la prétendue origine du rap et en la mettant en parallèle avec le rap en tant que pratique artistique et les rappeurs eux-mêmes, issus de l’immigration ou pas. Médine marche sur une corde sensible car on pourrait lui reprocher d’enfermer celles et ceux qu’il prétend défendre dans des catégories. Il n’en est rien : il joue avec les clichés bien connu sur le rap. Il combat l’idée selon laquelle le rap serait une sous-culture, pour ne pas citer un polémiste d’extrême-droite dont on taira le nom (on vous donne un indice, il a intenté un procès contre Youssoupha en 2012).

Sur le fond du morceau, tout l’intérêt réside dans sa structure d’écriture. Médine élabore sur cette production, une rythmique qui diffère un peu de ses habitudes. Il construit son morceau selon un schéma particulier, que l’on peut difficilement résumer à l’écrit mais qui,à l’oreille est très efficace et rend tout à fait intelligible le discours tenu. Le rappeur termine chacune de ses 8 mesures par une référence plus ou moins explicite à des morceaux ou à des artistes illustres du rap français. Youssoupha, Orelsan, Booba, SCH. Il prône dans ce texte, une France multiculturelle, tolérante, cosmopolite et ouverte sur le monde, en opposition aux obscurantismes de tous bords (il critique aussi bien l’islam radical, les catholiques intégristes, les discours et pratiques néo-coloniales, etc.)

Par ce morceau, Médine rappelle qu’il propose un rap politique et engagé. Pour illustrer cela, on citera le refrain : « je fais pas de concert, je fais des meeting. Je suis le candidat le plus légitime, bonsoir tout le monde, moi c’est Médine ».