Groupe
Kinshasa, République Démocratique du Congo
Décoiffant, hypnotique, enivrant, brutal … Difficile de saisir l’essence de cet orchestre né au milieu des années 1960 dans les rues de Kinshasa. Fondé par Mingiedi Mawangu, Konono N°1 est un ensemble original de likembés (instruments aussi appelés sanza) électrifiés. Ce qui est devenu leur marque de fabrique, à savoir ce son électrisé presque saturé est parti d’un malheureux concours de circonstances. Impossible de se faire entendre sans sonorisation dans le vacarme ambiant de Kinshasa, alors le groupe réinvente avec ce qui leur passe sous la main. Voilà ce qu’on peut apercevoir au détour d’une rue de la capitale : trois likembés électriques (médium, aigu, basse) équipés de micros fabriqués à partir de vieux alternateurs de voiture, une section rythmique mêlant percussions traditionnelles et bricolées (couvercles de casseroles, pièces de voitures), trois chanteurs, trois danseurs et une sono munie de “lance-voix”(mégaphones) datant de l’époque coloniale. Et de leurs seuls pouces, les voilà qui rivalisent avec les plus grands producteurs techno pour l’énergie que libèrent leurs compositions ! Le son déborde d’harmoniques et sur scène, ce groupe vous lessive des pieds à la tête et vous met dans une transe qui n’est pas sans rappeler la transe Bazombo.
Cette amplification de fortune a provoqué une mutation radicale de leur son, qui les a fortuitement rapprochés de l’esthétique du rock et de la musique électronique les plus “extrêmes” qui a séduit le public indie rock en Grande-Bretagne et aux États-UNis. Leur premier album, Congotronics (2004) a ainsi figuré dans les listes des meilleurs albums de l’année publiées par l’ensemble de la presse anglo-saxone. La queen de la pop alternative Björk, les a par la suite invités sur son dernier album pour le titre psychédélique Earth Intruders, produit par Timbaland.
Maîtres dans l’art de la récup’ et initiateurs à leur façon de l’idée de développement durable, le groupe au groove implacable continue de nous surprendre, même après la mort de son initiateur Mingiedi Mawangu en avril 2015, à l’âge de 85 ans. Aujourd’hui, d’autres groupes suivent leur voie et se produisent dans les rues de Kinshasa, comme au bon vieux temps…Seules la pluie ou les coupures d’électricité empêchent ces musiciens de feu de jouer jusqu’au bout de la nuit.
Nous sommes par la musique, en relation avec l’esprit de nos ancêtres. Ils sont certainement ravis que les rythmes que nous jouons soient largement appréciés à travers le monde. Nous sommes une sorte de bibliothèque des rythmes de notre région. Qui veut puiser aux racines des musiques congolaises doit venir nous voir.Augustin Makuntima Mawangu, membre de Konono#1 pour RFI musique, juin 2010
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