Jusqu'à mon dernier souffle

Les deux frères de Terrenoire n’ont jamais fait mystère de leurs accointances avec la chanson française. Et « Jusqu’à mon dernier souffle » est peut-être l’exemple le plus pur de la musique du duo.
Musicalement, c’est la simplicité qui nous emporte. Rien d’autre que la voix de Raphaël Herrerias, le piano, quelques nappes sonores presque imperceptibles en fond. Les mots à l’état brut, et une mélodie simple, dépouillée, qui vient gratter on-ne-sait-quoi au fin fond du cœur. Au début, scepticisme. On se dit qu’on va entendre un énième piano-voix larmoyant. À dernière note, l’auditeur est dans coaltar, un peu groggy. Comme violemment tiré du sommeil, au milieu d’un rêve.
« Jusqu’à mon dernier souffle » nous racontent deux choses. D’abord, le spleen. Puis une introspection mélancolique d’un être presque fataliste face au temps qui s’égrène, inéluctablement. Raphaël, qui a écrit ces paroles, semble las, amer, de ne pas avoir encore trouvé le bonheur à force de le chercher. La seconde partie sonne comme une ode à l’enfance et au quartier de Terrenoire, Saint-Étienne. La voix, déracinée, égrène tristement ses souvenirs banals mais rassurants, de la cité stéphanoise.
Des souvenirs d’enfance qui résonne en chacun d’entre nous. C’est peut-être ce qui fait la force de ce morceau. Un pont magistral entre les souvenirs du passé et l’amertume du présent. La sensation du temps qui file entre les doigts, d’une existence incomplète dans un monde devenu trop complexe. Éternelle insatisfaction, peur de passer à côté de sa vie. Des sentiments qui résonnent dans le cœur de nombreux jeunes des années 2020. Faire du particulier quelque chose d’universel, là est le vrai talent d’un artiste, et là est le brio de Terrenoire.