Jazz musette

À la fin de la Première Guerre mondiale, la France devient la terre d’accueil de nombreux jazzmen américains, évidemment noirs, fuyant la ségrégation raciale de leur pays natal. S’ouvrent les Années folles et l’entre-deux guerres où le jazz se diffuse et fait souffler un vent de fraîcheur à la radio et dans les lieux de fête et de convivialité. Comme son compère le jazz manouche, créé par une nouvelle génération de gitans-musiciens comme Django Reinhardt, le jazz musette émerge dans ces années-là, enfant d’un mélange des genres et des gens.

La musette, la musique du petit peuple de Paris et de ses faubourgs, se joue dans les bistrots et les bals, où l’on danse la valse ou la java au son des accordéons, instrument ouvrier par excellence. Cette musique populaire qui rythme les nuits parisiennes de Belleville à Bastille est portée par artistes hors-pair qui auront l’idée d’emprunter certaines caractéristiques du jazz, tantôt le rythme (qu’on appelle le swing), tantôt l’harmonie (le plus souvent faite d’accords à 4 sons et de blue notes) ou tantôt la structure (faite d’alternance de thèmes et de moments d’improvisation).

Ces expérimentations donnent lieu à un genre musical unique, le plus souvent joué en trio par un accordéon au son net (faisant usage du brio plutôt que du tremolo), une contrebasse et une guitare acoustique. Le jazz musette est né et connaît un âge d’or jusque dans les années 50-60. Des institutions résonnent de ses accords virtuoses, comme le Balajo, situé rue de Lappe et tenu par le taulier Jo Privat. L’arrivée du rock’n roll et de la guitare électrique le met en sourdine, ringardisant au passage le “piano du pauvre”.

La musette pourtant résiste. Elle sait copiner avec les autres musiques qui tiennent le haut du panier, que ce soit le jazz, le rock ou encore le punk… Écoutez les Garçons Bouchers ou Pigalle ! Le jazz musette perdure encore aujourd’hui avec des artistes comme Richard Galliano ou encore le groupe Swing of France.