Morceau
Aujourd’hui, beaucoup connaissent “I Got A Woman” de Ray Charles, alors qu “It Must Be Jesus” des Southern Tones est tombé dans l’oubli. Et pourtant le premier s’est aidé de la musique des seconds pour faire un de ses plus grands succès musicaux. C’est en 1954 que Ray Charles transforme “It Must Be Jesus”, sorti la même année, et ouvre la voie à un genre musical inouï par la fusion d’influences sacrées et profanes : la soul. Par cette innovation musicale, Ray Charles s’est mis à dos de nombreuses communautés religieuses.
Pour comprendre le scandale, il faut plonger dans le contexte de l’époque. Dans la culture afro-américaine, le gospel et le blues représentent deux mondes distincts : l’un célèbre la foi et l’espoir, tandis que l’autre évoque la souffrance et les luttes terrestres. Dans les églises noires de l’époque, le gospel est le genre permettant l’expression de sa foi, tout en étant un vecteur communautaire fort.
Ainsi, lorsque à l’été 1954 Ray Charles entend “It Must Be Jesus” des Southern Tones à la radio, il est séduit par la ferveur de la chanson et la remodèle avec son trompettiste Renald Richard. Les paroles sont complètement modifiées ainsi que le rythme qui est orienté dans une expressions blues. Dans I Got A Woman”, l’amour de Jésus se transforme pour celui d’une femme. Ce pas n’est pas anodin, c’est même la première fois que les auditeurs constatent une adaptation aussi directe d’un gospel en un morceau profane.
La réception ne se fait pas attendre : le public adore, mais les communautés protestantes menés par leurs pasteurs expriment leur mécontentement. En effet, le gospel est sacré et n’est pas fait pour se divertir ! Le chanteur se défend, pour lui il s’agit d’une expression authentique de sa personnalité musicale et de sa culture. De son âme, un point c’est tout. Quoi de plus sacré ?
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