Guitare manouche

La guitare, on croit connaître. La guitare classique que l’on apprend aux enfants, la guitare flamenca, jouée le manche en l’air ou encore la guitare électrique colorée, de toutes formes, qui rugit sous des doigts de rockeurs virtuoses comme Jimi Hendrix.
Pourtant, la guitare est un instrument bien plus divers qu’il n’y paraît. À travers le monde, il en existe de nombreuses variétés, chacune liée à une culture. C’est le cas de la guitare manouche, d’après l’un des noms donnés aux communautés des gens du voyage, reine de la musique tzigane. Pourvues de cordes en acier, les guitares manouches sont de deux genres. Les guitares de type Selmer-Maccaferri ont une rosace — trou sous les cordes de la guitare — plus grande, en forme de « D », ce qui leur vaut le nom de « grande bouche ». Elles sont plutôt utilisées pour la rythmique car leur son est plus diffus. A leurs côtés, les guitares de type Selmer ont une rosace de forme ovale, plus petite (d’où « petite bouche »). Elles projettent un son plus concentré, avec une coloration médium aiguë, plus adapté pour les solos. Ces guitares se jouent généralement avec un médiator, avec le poignet décollé pour plus de rapidité, un peu comme sur un banjo.
La guitare manouche est au cœur du jazz manouche, associée très souvent au violon, à la contrebasse, mais aussi à l’accordéon et à la clarinette. Ce style musical, qui exclut percussions et cuivres, mêle le jazz aux sonorités du klezmer venu d’Europe centrale, des musiques gitanes et de la chanson française. De ce joyeux mélange résulte un timbre particulier et des caractéristiques musicales singulières. Les guitares Selmer permettent aux musiciens de jouer des notes rapides, percutantes. Et en jazz manouche, la rapidité, la virtuosité et l’endurance sont des marqueurs de talent. C’est sur une guitare Selmer que joua le célèbre Django Reinhardt.