François Hadji-Lazaro

Il n’était pas qu’une grande figure de la musique/poésie/chanson française dite alternative, il était aussi une gueule marquante dont on se souviendra encore pendant très longtemps : François Hadji-Lazaro, « le Gros François » comme on va souvent le surnommer, est décédé le 25 février 2023. Il laisse derrière lui une œuvre musicale aussi éclectique qu’amplement fournie. L’héritage de quelqu’un qui pouvait passer sans transition de la chanson réaliste au punk ou aux comptines pour enfants, de la même façon qu’il pouvait passer avec bonheur d’un instrument à l’autre (du bouzouki, au violon, à la vielle à roue…).
Celui qui à partir de 1985, s’imposa comme le Boss du label de disques indépendant Boucherie Productions, avait d’abord été instituteur. Il avait fait ses premières armes musicales en jouant du folk : une passion pour les sons traditionnels qui ne le quittera jamais que ce soit avec Pigalle - une aventure musicale débutée en 1982 et qui durera plus de 35 ans - ou avec Los Carayos, un combo improbable formé avec Manu Chao et Schultz de Parabellum qui se promenait entre cajun et country et autres musiques « roots » de différents terroirs. On doit bien sûr se rappeler son rôle de leader des Garçons Bouchers, cet orchestre punk sans compromission hurlant « La Bière ! la Bière ! C’est comme si c’était mon frère ! ».
Autant d’expériences de groupes qui ne doivent pas faire oublier que François Hadji-Lazaro a aussi poursuivi pendant dix ans une passionnante carrière de compositeur interprète « solo ». Sous son nom il sortira quatre albums entre 1996 et 2006 (dont le remarquable François Détexte Topor, hommage à son ami Roland Topor dans lequel il déploiera tous ses talents de multi instrumentiste/arrangeur), il prendra aussi un vrai plaisir à sortir plusieurs enregistrements destinés aux enfants. On lui doit aussi la composition de quelques B.O de films. Un parcours « hors groupes » qui passera aussi par le cinéma. On le verra ainsi tourner pour Claude Berri, Claude Zidi, Bertrand Tavernier ou Christophe Gans, passant de la figuration (Le Pacte des Loups, La Totale…) à des seconds rôles moins effacés. (La Cité des enfants perdus, Dellamorte, Dellamore…).
Celui qui fut aussi connu pour sa grande passion pour le vin et la bonne cuisine est décédé à l’âge de 66 ans.