Et moi, et moi, et moi

Morceau

1966

"Et moi, et moi, et moi" en quelques mots

Cette fameuse chanson de Jacques Dutronc sort à une époque tout à fait particulière. On est en 1966, ce sont les “Trente Glorieuses” : l’essor de la mondialisation et d’un mode de vie américain et consumériste. Le monde est polarisé par la guerre froide. Les mouvements de décolonisation sont en cours partout dans le monde. 1966, sonne aussi l’heure de tous les mouvements hippies et alternatifs, qui mettront en lumière une crise de la société de consommation, de la civilisation occidentale et de ses valeurs. La démographie mondiale ne cesse d’augmenter, et on remet en question la croissance et un mode de vie critiqué pour son égoïsme et sa routine.

“Et moi, et moi, et moi” ne peut être entendue sortie de ce contexte, tant le morceau se moque de l’homme occidental des années 60 qui semble ne pas du tout s’intéresser au reste du monde. La chanson a une structure particulière : elle est constituée de couplets qui s’enchainent au rythme de la phrase “ et moi, et moi, et moi / c’est la vie c’est la vie c’est la vie “. Elle oppose avec un humour grinçant et une certaine désinvolture un homme face à un monde en mutation. Cette douce insolence mêlée à une savoureuse dérision baigne dans une ambiance très folk où la linéarité rythmique accentue la structure répétitive de la chanson. Le caractère un peu “marche militaire” de cette chanson, où la batterie et la guitare ne cessent de marquer le temps, renforce le propos sans jamais l’alourdir.

Le morceau se construit sur l’alternance entre le narrateur au quotidien confortable, indifférent au monde qui l’entoure, et le reste de la planète. Cette figure de style sert aussi le principe narratif du morceau montrant la massification du nombre d’êtres humains, noyés dans des chiffres énormes qu’on peine à comptabiliser.

L’articulation entre le narrateur profitant d’un confort nouvellement acquis et le reste du monde sous-entend bien qu’à part lui, tous et toutes, connaissent la faim, la guerre, les crises et d’autres malheurs. Et si cette chanson pleine d’ironie était un appel à décentrer notre regard pour au-delà de nos privilèges ?

Paroles de "Et moi, et moi, et moi"

Sept cent millions de Chinois Et moi, et moi, et moi Avec ma vie, mon petit chez-moi Mon mal de tête, mon point au foie J'y pense et puis j'oublie C'est la vie, c'est la vie Quatre-vingt

Par Sarah Grosso. Crédit photo vignette : © Cherry Red Label

Playlist

"Et moi, et moi, et moi" par Jacques Dutronc, 1966

2:56

"Et moi, et moi, et moi" par Jacques Dutronc, INA, 1966

3:07

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