Djembefola

Parmi les percussions les plus connues du continent africain, le djembé figure très certainement sur le podium. Seulement, peu de personnes savent comment se nomme un joueur de djembé. Il s’agit du djembefola. Le suffixe “-fola” est tout simplement l’équivalent de “-iste” pour les musiciens (instrument-iste) en malinké, une langue parlée en Guinée et dans plusieurs pays d’Afrique de l’ouest.

Le djembé est un instrument hautement symbolique dans la culture mandingue. Il était utilisé à l’origine pour les cérémonies importantes, les rites exigeants l’exécution des danses traditionnelles. Les éléments qui le composent sont aussi à haute teneur symbolique : le bois représente le végétal, la peau, l’organique et le fer, le minéral.

Le djembefola maitrise la technique instrumentale et sert la société par le jeu de son instrument fétiche.Traditionnellement, son art était transmis au cœur des villages à travers une relation de maître à élève. Au cours d’un véritable rite initiatique à la discipline rigoureuse, l’apprenti devait apprendre plus de trois cent rythmes différents et leurs significations. La virtuosité du djembefola se mesure à sa capacité à reproduire et à créer des rythmes adaptés à chaque situation. L’instrumentiste dispose de trois sonorités différentes :

• le son “bas”, son grave joué au centre de la peau tendu
• le son “tonique”, plus riche
• le son “claqué”, plus aigu
  Il existe d’autres variantes mobilisées selon les nécessités et la sensibilité du musicien. Ce dernier peut jouer avec d’autres djembefolas créant ainsi des polyrythmies riches et captivantes pour les danseurs.
  Depuis les années 1950, la culture du djembé s’est modernisée, l’art du djembefola dépasse les limites de son village pour gagner le monde. Des artistes comme Fodéba Keïta répandent l’aura de cet instrument. A l’époque, la politique culturelle des ballets africains voulue par le président de Guinée, Sekou Touré, popularise massivement les djembés. C’est ainsi que d’autres artistes émergent tels que Famoudou Konaté, Adama Dramé, Amadou Kiénou ou François Dembélé. En 1991, le documentaire Djembefola réalisé par Laurent Chevallier est consacré à l’un d’entre eux, Mamady Keita, maître guinéen mondialement connu.