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Archipel situé dans le sud de l’Océan Pacifique, la Nouvelle-Calédonie, plus précisément Kanaky, a perdu dans la colonisation française l’essentiel de ses traditions orales et chorégraphiques, interdites par les missionnaires depuis 1853. Toutefois, des collectes dans les campagnes ont permis de prendre la mesure de la richesse d’un patrimoine singulier, reposant sur nombre de tribus et de langages distincts.
On parle de danses kanak plutôt que de musique car ce mot ne renvoie à rien dans la tradition : la danse et le chant, percussions et cris, indissociables, constituent l’espace de sociabilité ancestral et seul le son “ invisible “ de la flûte, le Hnago assimilé à une percussion, vient évoquer le concept de musique tel qu’il est usuellement entendu. En revanche, les ressources naturelles (bois, coquillages, troncs et feuilles) sont systématiquement employées pour rythmer les danses.
Très répandu, le pilou-pilou danse traditionnelle kanak vient de l’île centrale (Grande-Terre) : c’est la partie émergée de l’iceberg des pratiques dansées kanak. Elle se danse lors de grandes cérémonies, surtout liées à la guerre. Un grand groupe forme un mouvement de rotation en spirale, les danseurs et danseuses sont accompagnés par des instruments percussifs fait de matières naturelles : feuilles, écorces, bambous, palmes, graines… L’aspect visuel est primordial, avec des maquillages noir, rouge, blanc et des costumes (grande jupe, coiffe) Cette chorégraphie a une grande valeur sociale et se découpe en séquences illustrant la guerre mais aussi la récolte, la construction d’un village…
Mais les danses kanak ont un spectre bien plus large : elles accompagnent les moments forts de la vie. Il en existe de spécifiques à chaque famille ou à des personnes tandis que d’autres sont plus spontanées. Elles ont de fait un caractère personnel : on ne danse pas une danse qui n’est pas à soi, à moins d’y avoir été invité. À l’inverse, la danse en spirale appartient à tous et toutes. Beaucoup de pratiques dansées ont aujourd’hui disparu notamment les danses de femmes, particulièrement visées par l’interdit colonial.
En 1975, le festival Mélanésia 2000, mené par le leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou remet les danses kanak sur le devant de la scène et contribue largement à les réintroduire au cœur de la vie en Nouvelle-Calédonie. Jean-Marie Tjibaou crée également une mission afin de collecter les répertoires dansés au cœur des différentes îles et familles de l’archipel, menée par Jean-Michel Beaudet, ethnomusicologue.
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