Danse Macabre

Morceau

1875

« Danse Macabre », le sabbat de l’orchestre

La « Danse Macabre » est une pièce orchestrale dont la musique a été composée par Camille Saint-Saëns en 1875 sur le poème d’Henri Cazalis « Égalité, fraternité » de son recueil L’illusion. Le poème de Cazalis raconte un bal qui se tient à minuit, dans lequel Satan mène une danse horrifique, aux côtés de squelettes blancs et de la Mort qui joue du violon : « Zig et zig et zig, chacun se trémousse, On entend claquer les os des danseurs ! » Heureusement, la fin est heureuse : le coq chante au petit matin, et l’ordre est rétabli.

Les premières notes sont celles de la harpe, qui joue douze fois la même note sur un rythme régulier : malheur, ce sont les douze coups de minuit ! Très vite résonne le violon solo, qui représente la Mort. Il réveille les défunts dans leurs tombes et appelle ses créatures maléfiques à le rejoindre danser, grâce à un motif frénétique qui traduit son excitation. Une douce et timide flûte endosse la mélodie principale pour la première fois, qui est ensuite reprise par les violons. Nous entendons le « 1, 2, 3 ; 1, 2, 3 » d’une valse endiablée : plus les instruments entrent dans la danse et plus le tempo semble s’accélérer ! Le thème principal est repris plusieurs fois, chaque fois grandissant, et variant au cours du morceau. Une mélodie mi-joyeuse, mi-terrifiante qui navigue entre les pupitres de l’orchestre ! Entendrez-vous le xylophone, dont le timbre fait écho aux os des squelettes qui s’entrechoquent dans leur farandole ?

Cette fameuse « Danse Macabre » a été retranscrite pour piano, par le compositeur et pianiste ami de Camille Saint-Saëns, Franz Liszt. Elle est également beaucoup reprise en version piano et voix, le chant reprenant le poème de Cazalis ! Chaque interprétation tente de retranscrire l’atmosphère sombre et farfelue de cette danse cauchemardesque.

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"Danse macabre" de Clusone, fresque de 1485 attribuée à Giacomo Borlone.

Contexte : Danses macabres, histoire et pandémie

  1. La peste noire ravage une partie du monde, de l’Asie à la pointe de Europe en passant par le monde méditerranéen. En cinq ans, cette pandémie mystérieuse transportée par les rats décime un tiers de la population européenne. La société médiévale très inégalitaire prend brutalement conscience que tout le monde est égal face à la mort, car la peste frappe fort et au hasard. Le traumatisme est terrible ; il s’exprimera les siècles suivants par la littérature, la chanson et la peinture avec les danses macabres par exemple. La première danse macabre connue est une fresque de 1424 peinte dans les galeries du cimetière des Innocents à Paris. On y voit une nouvelle représentation de la mort pour l’époque : squelettique, aveugle et effrayante et non plus libératrice comme le veut la religion chrétienne. La mort emmène dans sa ronde jeune, vieux, femme et enfant, noble, prêtre ou paysan. L’égalité de tous face à la maladie et l’absurdité de la mort hanteront l’imaginaire des artistes depuis cette terrible pandémie. « La Danse Macabre » de Saint-Saëns n’en est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Playlist

« Danse Macabre » de Camille Saint-Saëns par l’Orchestre Symphonique des Pays-Bas, dirigé par Joost Smeets, 2014

7:34

« Danse Macabre » de Camille Saint-Saëns arrangé par Franz Liszt, par Alexandre Kantorow, 2019

9:43

« Danse Macabre » de Camille Saint-Saëns, par Guilhem Worms et Karolos Zouganelis, 2019

2:38

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