Colette Magny

Artiste

1926 - 1997

Paris, France

Colette Magny, figure de la chanson engageante

Colette Magny fait partie de ces personnalités mémorables, qui ont pourtant été oubliées.

Il faut dire que la chanteuse, aussi autrice-compositrice et multi-instrumentiste, née à Paris en 1926 et révélée au grand public au début des années 60, est loin de s’être prêtée au jeu du show business. Déjà parce qu’elle s’y est mise assez tardivement.

Alors qu’elle est encore assistante à l’OCDE, elle s’essaie à la musique afro-américaine, au répertoire blues et commence à composer, en français. En 1962, elle se lance : Colette Magny se produit dans les petits cabarets de la Contrescarpe à Paris, où elle trouve résidence pendant un an. Alors, elle démissionne et se consacre à la chanson… à 36 ans.

Ce changement de vie concorde avec l’affirmation de sa conscience politique. La chanteuse est choquée par le sort réservé aux Algériens dans ces années qu’on ne nomme pas “guerre” mais “événements” d’Algérie (1954-1962). Son désir d’exprimer son indignation face à l’injustice est désormais indomptable.
En 1963, son passage dans l’émission Le Petit Conservatoire de la chanson la propulse sur le devant de la scène. Très vite, elle signe chez CBS, filiale française du label américain Columbia et sort un premier disque hybride, Melocoton, mêlant blues, chanson française et mises en musique de poésies de grands auteurs, comme Rimbaud ou Hugo. Mais cet album, qui fait l’unanimité auprès de la presse et du public, ne la satisfait pas. Colette Magny veut explorer les genres et dire ce qu’elle pense, quoi qu’il en coûte. Si aventure chez CBS ne dure pas, elle est néanmoins vite approchée par une maison de disque proche du Parti Communiste, Le Chant du monde.

Magny s’essaie au jazz en français, à la chanson à texte, au free jazz, à la musique contemporaine… toutes les expérimentations sont permises. Parfois, elle brise les mélodies et oscille entre le chanté-parlé, le murmure et le cri. Le tout défendre ses convictions : elle soutient les Black Panthers, la lutte contre la guerre du Vietnam ou contre le conflit israélo-palestinien… Elle est de toutes les manifestations et se produit sur bon nombre de scènes militantes. Mais sa révolte a un coût : Colette Magny est souvent censurée à la radio et à la télévision, et se fait aussi des ennemis dans les milieux militants, se revendiquant universaliste mais pas engagée.

Malgré ses trente ans de carrière, elle dérange à tel point qu’elle produit son dernier album dans son coin et n’hésite d’ailleurs pas à qualifier “les marchands de musique […] de porcs”. Malgré ce cruel manque de reconnaissance, personne ne saurait remettre en question la singularité de ses textes et la qualité de ses compositions.

Par Marianne Bablet. Crédits photo vignette : Colette Magny en concert à Bordeaux en 1972. - JP Roche / SIGMA Chanson

Playlist

"Melocoton" par Colette Magny, 1963

1:36

"Les Tuileries" par Colette Magny, 1965

2:31

"Saint James Infirmary" par Colette Magny, 1965

2:03

"Cherokee" par Colette Magny, 1972

5:20

"Répression" par Colette Magny, 1972

5:20

"Les militants" par Colette Magny, 1975

5:21

"Kevork" par Colette Magny, 1989

2:16

"Didn't my Lord Deliver Daniel" par Colette Magny, 1965

2:13

"J'ai suivi beaucoup de chemins" par Colette Magny, 1965

2:07

"Je suis du peuple du livre" par Colette Magny, 1977

5:57

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