Artiste
San Joaquin de Flores, Costa Rica
Il s’en est fallu de peu que l’Europe passe à côté de cette grande artiste à fleur de peau et à la voix déchirante, belle figure de la ranchera mexicaine, révélée par le réalisateur espagnol Pedro Almodovar. Sur scène, ses bras sont grands ouverts, comme si elle attendait le salut et sa voix profonde inonde la salle, se confondant presque en sanglot. Chavela Vargas, vêtue de son indémodable pancho rouge débute sa carrière au Mexique, dans les années 40, côtoyant les grands artistes du moment dont les fameux peintres muralistes Diego Riviera et Frida Kahlo (avec qui elle entretient une liaison). Figure de proue de cette effervescence artistique, elle ne fait pourtant pas l’unanimité ; comment ose-t-elle chanter de cette voix rugueuse des rancheras, qui plus est une femme vêtue comme un homme ?
Elle parvient toutefois à se faire repérer par José Alfredo Jimenez, interprète et compositeur phare qui lui écrira ses plus grands succès. En 1961, la chanteuse sort l’album Noches de Bohemia, premier d’une longue série qui marque le début de sa renommée mondiale. Souvent accompagnée par le guitariste Antonio Bribiesca, elle enregistre alors de vibrantes interprétations dont « La Llorona », déchirante ballade ou encore la lettre de rupture au goût amer « Que te vaya bonito »…
Enchaînant les représentations, la tragédienne sombre dans l’alcoolisme et disparaît de la scène dans les années 1970. Ce n’est que vingt ans plus tard qu’elle sort du silence en passant sur l’écran noir : Pedro Almodovar lui emprunte le titre “Piensa en mí”, qu’il fait interpréter à Luz Casal dans Talons aiguilles (1991). C’est un succès, ce titre se mariant si bien au trop plein d’émotions, si caractéristique des films de ce grand réalisateur ! Elle s’installe alors en Espagne et fait son grand retour sur scène : à 90 ans passés, sa voix n’étant alors plus qu’un râle, ses interprétations demeurent bouleversantes comme au premier jour. Elle s’éteint lors d’une chaude journée d’août 2012 au Mexique et continue de fasciner les réalisatrices, peintres et musiciennes qui voient en Chavela une interprète hors normes, indomptable qui s’est convertie en un mythe.
Les chagrins ne sont pas amers quand c’est Chavela Vargas qui les chante.Joaquin Sabina, propos recueillis par Juan Ignacio Boido, Courrier International, 1er octobre 2003
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