Black Indians

Thème

1850

Les Black Indians en quelques mots

A la fin du XIXème siècle aux Etats-Unis, la fin de l’esclavage, auquel succèdera le terrible régime de la ségrégation raciale, jette des milliers d’afro-américains sur les routes de la liberté qui conduisent dans les grandes villes, notamment le port de la Nouvelle Orléans, cette ancienne possession française métissée de toutes les populations qui l’ont traversée ou y ont échoué. Afro-américains, indiens, cajuns et européens pauvres sans espoir d’une vie décente, côtoient les riches colons, descendants des grandes familles possédant les domaines immenses où l’on cultivait coton et tabac. Il faut bien se débrouiller. De fait la ville est constellée de communautés qui s’organisent face à la ségrégation, où chacun, chacune, s’emploie à trouver de quoi vivre. Ainsi, celle des Black Indians (Noirs-Autochtones) qui tente de survivre et de perpétuer ses traditions. Descendants d’esclaves en fuite et d’Amérindiens de Louisiane les ayant recueillis, porteurs d’un double héritage, les Black Indians, toujours ancrés dans la ville de la Nouvelle Orléans, ont beaucoup peiné à rendre visible leurs traditions riches et très métissées, alors que leur musique mâtinée de rythmes africains, amérindiens et de jazz, était tout sauf silencieuse ! Elle a commencé à s’affirmer dans les années 70, à la faveur de l’affirmation des musiques et d’artistes de la Nouvelle Orléans. Parmi les groupes de musique marquants on peut citer Golden Arrows, White Eagles, Wild Tchoupitoulas, mais aussi les Wild Magnolias et leurs deux hits terribles : « Handa Wanda » (1970) et « Soul Soul Soul » (1975), un titre groovy à souhait. Les clubs de la ville étaient l’endroit idéal pour ces musiciens versés dans l’improvisation.
Aujourd’hui à la Nouvelle-Orléans, le Mardi Gras est jour de fête, celui où les « tribus » de Black Indians (chaque quartier à la sienne) sont à l’honneur : celles et ceux qui avaient été évincés pendant plus d’un siècle de cette période festive, strictement réservée à l’époque à la communauté blanche, défilent aujourd’hui avec des costumes tous plus flamboyants les uns que les autres ! Chaque costume est inspiré des tenues cérémonielles amérindiennes : chatoyantes, ornées de plumes et de coquillages, des œuvres d’art ambulantes arpentent les rues de la Nouvelle Orléans. Entre percussions, chants et célébration, le Mardi Gras offre une caisse de résonnance à la mémoire des opprimés et des exclus du rêve américain. Il témoigne toujours de la lutte constante pour que se perpétue le riche héritage des Black Indians. Là encore, fête musique riment avec histoire et politique.

Par Marina Angelini. Crédits photo vignette : Charles Fréger

Playlist

« Handa Wanda » par The Wild Magnolias, 1970

3:16

« Soul, Soul, Soul » par The Wild Magnolias, 1975

6:13

« Hey Hey (Indians Comin') » par The Wild Tchoupitoulas, 1978

3:59

“Black Indians” documentaire de Jo Béranger, Edith Patrouilleau, Hugues Poulain, bande-annonce VOST, Lardux Films, 2018

2:05

Vous trouvez qu'il manque un média ?

Créez un compte ou connectez vous pour suggérer d'autres médias.

Se connecter
Logo
AccueilRechercheS'inscrireSe connecterMon profil
À proposNous contacter
Composé par Zebrock