Beatmaking

Thème

1980

Les beatmakers : le second pilier du rap

Rimes riches, flow techniques, textes entraînants, le rap est une affaire de langue. Mais nos poètes dépendent de leurs fidèles collègues s’ils ne veulent pas se retrouver a capella : les beatmakers.

Un beatmaker, c’est un compositeur de musique pour le rap. C’est lui que se charge de “la prod”, “le beat”, “l’instru”. Il peut aussi s’occuper du travail en studio comme l’enregistrement et le mixage des voix. Mais ce métier primordial au rap n’a pas toujours existé. Au tout début du mouvement hip-hop dans les années 70 dans le Bronx de New-York, les premiers rappeurs comptaient sur leur DJ qui leur fournissaient des rythmes sur lesquels rapper grâces aux diverses techniques regroupées sous le terme de turntablism. Le DJ jouait avec deux disques vinyles et une petite table de mixage pour faire danser la foule pendant que le rappeur baptisé “MC” (pour Maître de Cérémonie) mettait l’ambiance dans la soirée. Dans la rue, le rappeur pouvait aussi être accompagné d’un beatboxer. Cette ère hip-hop avait ses maîtres comme Kool Herc, Grandmaster Flash, Grand Wizard Théodore, et bien sur Afrika Bambaataa.

On peut dire que le beatmaking apparut en même temps que le home studio, vers 1980, lorsque le matériel de production musicale se miniaturise et surtout, devient moins cher. Les artistes hip-hop utilisèrent les boîtes à rythmes, sampler ou MPC pour créer des pistes instrumentales sur lesquelles les rappeurs posaient leurs flow. Bien que le synthétiseur n’est pas nouveau, c’est pendant les années 80 qu’il envahit les studios et la musique populaire. Ainsi, les rappeurs commencent à rapper sur des instrumentales spécifiquement produites pour eux. Le rap s’accompagne d’électrofunk, disco, G-Funk, ou encore boom-bap. Avec l’acquisition du sampler, la production hip-hop se diversifie en se métissant avec tous les styles préexistants, du jazz à la soul en passant par le rock. En avançant dans les années 90 puis 2000, le beatmaking se rapproche de la forme qu’on lui connait aujourd’hui avec le gain de puissance et d’ergonomie des ordinateurs. On peut désormais donner vie à son inspiration avec peu de matériel, le home studio prenant la forme d’un logiciel sur ordinateur.

Dans les années 2020, même si le beatmaking reste une profession de l’arrière de la scène, occultée par le rappeur, elle est indispensable, reconnue, elle “pèse dans le game”. D’autant plus que ces artisans forgent le son de demain, en inventant avec l’aide des rappeurs, de nouveaux styles : la trap, la drill, la jersey, l’hyperpop, la plug, le cloud… et le meilleur reste à venir.

Par Maxime Cébille. Crédits photo vignette : J-Dilla travaille sur MPC © Discogs

Playlist

“It’s Like That” par Run DMC, 1997

3:50

“Doggystyle” par Snoop Dog, 1993

52:33

Grandmaster Flash nous donne une leçon de turntablism en 1983

6:52

“Renegades Of Funk” par Afrika Bambaataa, 1983

5:54

Grandmaster Flash & The Furious Five - The Message (Official Video)

6:00

Vous trouvez qu'il manque un média ?

Créez un compte ou connectez vous pour suggérer d'autres médias.

Se connecter
Logo
AccueilRechercheS'inscrireSe connecterMon profil
À proposNous contacter
Composé par Zebrock