Bandoura

Ses mélodies résonnent dans les campagnes ukrainiennes entre le XVème et le XVIIIème siècle : la bandoura, instrument à corde, accompagne les récits des héros ukrainiens. Elle était jouée à l’époque par ceux qu’on appelait les kozbars : des vétérans, plus capables d’aller au front, qui portaient aux quatre coins du pays des histoires de guerre. Ces bardes diffusaient ainsi des mythes et des histoires, exaltant les batailles et l’honneur de l’Ukraine, toujours accompagnés de leur bandoura. Sa musique a une véritable dimension patriotique et nationaliste, puisqu’elle participe à la construction de l’identité ukrainienne. En ce sens, elle contribue également à alimenter l’indépendantisme ukrainien, ce qui n’était pas toujours bien vu… Les joueurs de bandoura ont ainsi pu être réprimés avec une grande violence.

La bandoura est un instrument assez massif, avec un très large corps en bois en forme de goutte. Elle se joue tenue contre soi, et pinçant la soixantaine de cordes réparties sur l’instrument. Faites de métal, elles sont reliées à un court manche ou bien accrochées directement sur le corps. Leur dureté est telle qu’elle impose à ceux qui en jouent de porter des faux ongles pointus. Les deux chevalets sur le corps ont une forme élégante, complétant l’allure prestigieuse de l’instrument, parfois orné de peintures et de gravures sur le manche. Elle se joue à deux mains, la main gauche s’occupant des basses et la droite des mélodies. La grande quantité de cordes fait autant la beauté du son de la bandoura que sa difficulté. D’un instrument nomade et populaire, la bandoura est aujourd’hui devenue un symbole de la culture ukrainienne, et a intégré les académies de musique. On peut désormais s’y former dans plusieurs écoles du pays, chacune ayant ses pratiques et enseignements spécifiques.