Artiste
Argentine
Ce qu’Atahualpa Yupanqui aimait par-dessus tout, c’était raconter des histoires, que ce soit armé de son stylo plume ou de sa guitare. Ce conteur d’exception ne laisse personne de marbre. Voix profonde de la révolte argentine et figure irremplaçable du folklore argentin, Hector Roberto Chavero de son vrai nom est né en 1908 d’une mère d’ascendance basque. Son père, aux origines quechua, est un gaucho, un « cow boy » des plaines argentines, et le petit Hector grandi dans la pampa. Très tôt, il se passionne pour la musique et la poésie, apprend à jouer du violon et de la guitare aux côtés de professeurs de renom tels que le maestro Bautista Almirón.
À la mort de son père, en 1921, il prend une grande décision: il deviendra un artiste avec un grand A ! En parallèle de ses cours de guitare, l’adolescent aux yeux sages pratique divers métiers pour gagner sa vie. Il compose un nom de scène en associant les noms de puissants Incas : Yupanqui, empereur en 1471 et Atahualpa, empereur en 1532. Son envie de prendre le large le pouss à arpenter les steppes d’Argentine du Nord. Durant ce voyage, il découvre le quotidien misérable des peuples des campagnes reculées et prend conscience des inégalités sociales et politiques de son pays. Atahualpa Yupanqui devient ainsi le porte-parole des oubliés du régime politique argentin dès ses premières compositions, que ce soit dans « Camino del Indio » (1926) ou bien plus tard dans cette zamba triste, « Adios Tucumán » (1948).
En 1928, journaliste à Buenos Aires, il rencontre l’anthropologue Alfred Métraux, avec qui il parcourt la Bolivie. Sa connaissance intime des êtres, des paysages, des coutumes ancestrales et de l’âme indienne nourrit et traverse tout autant son œuvre littéraire que musicale. Ce spécialiste des milongas, bagualas et zambas parvient à fédérer et à laisser entendre des voix trop souvent tues durant le régime d’Hipólito Yrigoyen, président d’Argentine de 1928 à 1934. Il fait ses premiers pas sur scène au début des années 1930, avant même d’avoir enregistré son premier disque mais sera très vite censuré dans son pays pour son appartenance au Parti Communiste (1945-1953). L’Europe lui ouvre ses bras en 1949-1950 pour une tournée. Elle se terminera en beauté par un récital à Paris avec Edith Piaf, où la standing ovation fut de mise. Grâce à la Môme, il côtoie l’intelligentsia parisienne des années 50, aux côtés de Paul Eluard, Louis Aragon et tant d’autres.
Alors que son succès devient international et après 3 tournées triomphales au Japon, il revient en Europe en 1968 et s’établit de manière quasi-définitive à Paris. Voyageur infatigable, Atahualpa Yupanqui donne des concerts dans le monde entier jusqu’à sa mort à Nîmes à l’âge de 84 ans. Ce grand poète laisse derrière lui une œuvre considérable avec près de 1500 compositions, dont certains standards du folklore argentin. Ses chansons sont reprises depuis plus de 70 ans par de nombreux artistes, touchés par l’engagement et la malice si caractéristique d’Atahualpa Yupanqui.
Par Marina Angelini
Crédits photo vignette : Atahualpa Yupanqui, 1934
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