Arno

Arno est un vrai « personnage » du rock européen. Il naît à Ostende, en Belgique flamande, une ville côtière bercée par les vagues de la mer du Nord et couverte de nuages et de brume qu’il gardera chevillée au corps. Sa mère, fan de rock et de blues, l’initie à la musique à coup de disques. En 1970, il a un peu plus de 20 ans et décide de mettre le bazar sur la scène rock belge avec son ami Paul Couter à la guitare. Le groupe Tjens Couter est né, il deviendra TC Matic en 1980. La formation agitera les oreilles belges de la décennie avant qu’Arno ne se lance en solo. Hormis un passage bref par le groupe Charles et les Lulus fondé avec le bluesman Roland Van Campenhout, Arno le restera. Le public français découvre le rockeur de la Mer du Nord au début des années 1990 grâce au « Merci la vie » de Bertrand Blier dont il signe la chanson phare. Cinq ans plus tard, son premier album écrit intégralement en français, À la française, qui mêle blues, jazz et tango l’installe dans l’Hexagone.

Arno navigue au gré de ses envies. L’envie de toucher au cinéma. L’envie de mélanger les genres, le rock, le blues, la chanson, les instruments, l’accordéon et la guitare électrique, et les langues, entre anglais, français et flamand. L’électron libre touche-à-tout fait bien ce qu’il veut, où il veut. Il signe des reprises audacieuses de standards de Serge Gainsbourg (« Elisa »), Bob Marley, Queen ou Salvatore Adamo. Friand de collaborations de tous ordres, il travaille avec Julien Doré, chante avec Stromae, crée des formations éphémères, au gré des projets. Ses chansons sont drôles et absurdes à l’image de l’album Future Vintage sorti en 2012, parfois émouvantes et candides, souvent mélancoliques. Arno manie le surréalisme dont la Belgique s’est faite la capitale avec malice. Sa voix évoque Tom Waits ; une voix « whisky-clope » brisée et rauque à l’accent roulant de Flandre. Cet habitué de l’Archiduc, bar bruxellois au passé glorieux, a su tracer sa route et rassembler autour de lui un public fidèle.

Son dernier album, Santeboutique, sort en 2019, dernier né d’une carrière immensément prolifique : une trentaine d’albums, dont treize en solo, des récompenses, et des années de tournées internationales. Comme pour boucler la boucle, il donnera son dernier concert à Ostende en mars 2022, avant de s’éteindre un mois plus tard, après des années de bagarre contre le cancer.