Allô... tu m'entends?

Morceau

1965

« Allô, tu m’entends ? » : le téléphone se retient de pleurer

Rythme ternaire, accordéon délié, sonorités brillantes : tout est en place pour une grande histoire d’amour heureux.

Mais c’est un drame plus intime que Béart nous fait vivre, pour une conversation à sens unique, depuis une cabine téléphonique parisienne – l’ancêtre du téléphone portable, en immobile et plus encombrant.

L’aimée est partie sur la Côte d’Azur avec ses amis, va danser, profite de la liberté et du soleil ; et nous sommes avec Béart, sous la pluie, « dans la cage de verre », pendu(e)s au bout du fil, à essayer de retenir la voix de celle qui s’éloigne, en faisant semblant de prendre banalement des nouvelles… Car le soupçon est là, d’un abandon, d’une trahison, que la distance accroit. Et d’ailleurs, l’aimée jamais ne répond, elle « parle trop bas », il « appelle dans le vide ». La répétition désespérée, « Allô allô tu m’entends », fait entendre ce lien qui se distend peu à peu, inéluctablement, cette communication impossible.

Et d’ailleurs, n’est-il pas déjà trop tard ? Car Béart finit par reconnaître que cet « amour » est « cassé ». « Je ne veux pas te quitter », implore-t-il à la fin : refus que la conversation se termine, que le lien se rompt, refus aussi sans doute d’une rupture déjà là, impossible à accepter.

Insensibles au drame qui se joue à l’intérieur de la cabine, les gens s’agitent dehors et pressent le malheureux de raccrocher. C’est à leur tour de téléphoner ! Les unités de sa carte défilent, telles un compte à rebours. La mélodie et l’accompagnement, semblant mimer sa joie initiale factice, ou l’indifférence et la légèreté de sa bien-aimée loin de lui, rendent son désespoir encore plus pathétique.

Par ce récit au premier abord dérisoire, par ce personnage à la fois digne et maladroit, par la finesse du contraste musical, Béart parvient à exprimer toute la profondeur du désespoir amoureux.

Paroles de "Allô... tu m'entends?"

J'appelle dans le vide Je t'appelle au milieu de ma nuit Mes mots s'en vont rapides Iront-ils jusqu'à toi aujourd'hui Allô allô tu m'entends Est-ce qu'il fait beau temps Vers Saint-Raphaël Ici

Par Marion Roche. Crédits photo vignette: Pochette du vinyle 45 tours EP/ Disques Temporel/ 1965

Playlist

"Allô... tu m'entends" par Guy Béart, 1965

2:34

"Allô... tu m'entends" par Brigitte, 2020

3:00

"Allô... tu m'entends" par Dalida, 1965

2:34

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