DJ Mehdi

Rien ne laissait présager que Mehdi Faveris-Essadi, jeune garçon passionné de musique né à Asnières-sur-Seine en 1977, allait radicalement changer deux milieux a priori totalement opposés : le monde du rap d’un côté, celui de l’electro de l’autre. Dès l’enfance, DJ Mehdi (car c’est bien lui) baigne dans un bouillon de culture, à l’image de sa famille. Son oncle est le premier à aiguiser son oreille en lui faisant découvrir la vaste galaxie des musiques afro-américaines, la funk, le jazz ou encore le disco en tête. Ensuite, Mehdi s’intéresse au rap, un style en pleine ascension. Le futur petit génie a tous les ingrédients. Il s’enferme dans sa chambre, commence à sampler les disques qu’il a sous la main, apprend le beatmaking. Impossible de s’offrir un sampleur, hors de prix à l’époque. Il confectionne donc son propre set-up : des platines à vinyle, un magnéto à bande trouvé au fond de sa cave, il enregistre des boucles puis un beat par-dessus. Il n’a plus qu’à découper minutieusement les bandes et la magie opère. Sa curiosité musicale cultivée dès l’enfance lui sert de matière première. En effet, la funk et le jazz sont largement samplés dans le rap. Il n’a qu’à puiser dans ses références…

En 1992, il sort de sa chambre et rejoint Ideal J, le groupe de Kery James, Teddy Corona, Rocco et Selim du 9.4. Leur premier album, O’riginal MC’s, sort en 1996. C’est la première fois que le talent de DJ Mehdi se fait entendre sur un projet complet. Son nom commence à courir dans le milieu du rap français. En parallèle, Ideal J rejoint le célèbre collectif Mafia K’1 Fry, qui rassemble des poids lourds comme Rohff ou Rim’K… DJ Mehdi en devient le compositeur officiel. Il enchaîne alors les collaborations avec les grands noms du rap français, qui le considèrent comme un prodige. Ses instrumentales uniques dégagent toutes une atmosphère spéciale. DJ Mehdi a le don de créer un beat qui se marie à la perfection avec le style de chaque rappeur, quitte à le faire sortir de sa zone de confort.

DJ Mehdi ne s’interdit rien et s’intéresse à toutes les musiques d’ici et maintenant. Comme l’électro, et plus particulièrement la French Touch. Qui d’autre que lui pour relier deux univers qui se toisent, celui des rappeurs de banlieues et celui des DJ versaillais ? Ce trait d’union, il le trace dans son premier album solo, (The Story of) Espion. Il y mélange les bases du rap, puis les chamboule avec de la house, ajoute des rythmiques funk, et adoucit le tout avec des nuances de soul. Le pont est construit, il ne reste plus qu’à le traverser, et c’est ce qu’il fait en signant chez Ed Banger Records, label créé par Pedro Winter, ancien manager des Daft Punk. Les portes des clubs et des festivals s’ouvrent à lui et, comme dans le milieu du rap, il se fait un prénom. Il rencontre Justice et Cassius. Avec Pedro Winter, ils créent le collectif 75 qui se produira sur les plus grandes scènes house des années 2000 comme le Coachella Festival

Avec le Britannique Riton, DJ Mehdi sort deux albums sous le nom de Carte Blanche. C’est lors d’une fête avec son nouvel acolyte qu’il trouvera la mort en 2011. Sa disparition brutale laisse tout le monde sans voix, sidéré : cet artisan discret du beat avait encore tant de choses à créer…